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Les traitements médicaux

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Aucun traitement ne guérit la maladie du SII aujourd’hui. Le but des traitements médicaux actuels est ainsi de diminuer la fréquence et l’intensité des symptômes (la disparition complète des symptômes est rare).

Le traitement doit être personnalisé. Ainsi, les informations qui suivent doivent être adaptées à votre situation personnelle selon les conseils de votre médecin.

Avis & Recos du Comité Scientifique 

Les médecins ne peuvent prédire l’efficacité d’un traitement médical chez un patient. Le traitement doit ainsi être adapté au patient lors d’une consultation avec analyse des symptômes. Un traitement efficace à un moment donné peut perdre son effet transitoirement ou durablement. 

En pratique, les médecins sont donc souvent amenés à proposer différents traitements chez un même patient. L’inefficacité d’un traitement n’est pas synonyme d’erreur diagnostique.

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Le médicament le plus connu et le plus vieux est le lopéramide, qui est utilisé dans les diarrhées aiguës. Les études réalisées dans les années 1980 ont montré qu’il peut diminuer le nombre de selles et augmenter leur consistance en cas de diarrhée « motrice » (par accélération du transit).

Les médecins comme les patients ont aussi souvent peur d’une utilisation chronique de ce type de traitements, craignent un blocage trop fort du transit, voire une occlusion. En pratique, ce risque est quasi nul.

Le lopéramide peut ainsi être pris ponctuellement comme une « béquille », même sur une longue période si besoin, notamment si, avant un évènement important (rendez-vous professionnel, restaurant, soirée au théâtre ou au cinéma), vous avez l’angoisse d’avoir une envie urgente et de ne pas trouver de toilettes.

Il arrive que, après la phase sans diarrhée, le « déblocage » soit un peu brutal et explosif. Il faut donc apprendre à manier ce traitement avec discernement et à déterminer la dose utile. Il peut parfois augmenter les douleurs en cas de blocage transitoire trop prononcé. 

Il existe plusieurs familles de laxatifs, qui ont des mécanismes d’actions différents :

Les mucilages, qui sont des fibres solubles, sont indiqués dans les formes avec ralentissement du transit. Ils peuvent aussi parfois soulager les alternances constipation-diarrhée, voire certaines formes avec diarrhée, car ils augmentent le volume des selles en augmentant leur volume en eau : ceci facilite leur évacuation, mais aussi la capacité à les retenir – en cas de problème de continence, il est plus facile de retenir une selle plus volumineuse. On trouve des mucilages notamment dans le psyllium, ou ispaghul.
Des laxatifs à « effet osmotique » sont souvent plus utilisés (plutôt que du lactulose), car les ballonnements résultants sont moindres.
Les laxatifs à base de polyéthylène glycol (PEG) peuvent être également être pris. Le manque d’efficacité de ces laxatifs vient souvent d’une posologie non adaptée (insuffisante), ou d’un traitement fractionné en plusieurs prises, ce qui divise son efficacité. 
Les laxatifs irritants sont à base de séné, de bourdaine et d’anthraquinone. Ils étaient autrefois bannis, mais une étude anglaise a récemment ont montré que la tolérance envers ces traitements est acceptable. Il faut cependant les utiliser avec modération car ils sont d’action un peu violente et déclenchent des douleurs abdominales, ou augmentent celles déjà présentes. 

Il vaut mieux prendre les traitements contre la constipation le matin. En effet, l’activité et la marche favorisent le transit alors que le transit est en « repos » pendant le sommeil.

Les antispasmodiques sont recommandés en première intention pour les douleurs abdominales et les ballonnements sans distension. Ces médicaments ont théoriquement une action sur le muscle lisse intestinal et diminuent les spasmes

Il en existe différents types selon le mécanisme d’action et le type de récepteur ciblé : 

  • des anti-muscariniques (cimétropium, mébévérine)
  • des inhibiteurs des canaux calciques (pinavérium bromure, huile de menthe poivrée)
  • des musculotropes (papavérine-like)

Le phloroglucinol et l’association de citrate d’alvérine et de siméthicone ont fait l’objet récemment de nouvelles études et ont démontré leur efficacité. 

Leur délai d’action est court : de 30 minutes à quelques heures. Globalement, il existe une amélioration de la douleur moyenne à l’échelle d’un groupe de l’ordre de 15-20 %. Dans certaines études, on retrouve une amélioration de la sévérité de la maladie et de la qualité de vie aussi plus fréquente qu’avec le placebo.

Ces traitements améliorent les ballonnements et les douleurs abdominales. 

Attention !
Il faut faire attention au moment de la prise de ces pansements intestinaux, car ils peuvent rendre inefficaces des médicaments pris 2h avant et 2h après.

Leur utilisation est basée sur le rôle des bactéries du tube digestif sur les symptômes. Ils peuvent être pris sous forme de cure d’une dizaine de jours avec un effet sur les ballonnements et les gaz. Il s’agit le plus souvent d’antibiotiques non absorbés par le tube digestif.

Les antidépresseurs sont utilisés en 2e intention en cas d’échec ou d’insuffisance d’efficacité des traitements précédents.

Les antidépresseurs peuvent avoir un effet sur l’hypersensibilité du tube digestif et les douleurs abdominales, en agissant sur le système nerveux au niveau du tube digestif, de la moelle épinière et du cerveau.

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L’antidépresseur sur lequel le plus d’études ont été réalisées au cours du SII est l’amitriptyline, un antidépresseur tricyclique utilisé pour le SII à des doses inférieures à celles pour le traitement de la dépression. 

Les antidépresseurs de la catégorie des inhibiteurs de recapture de la sérotonine sont également utilisés dans le SII. On peut citer la fluoxétine, le citalopram ou escitalopram et la paroxétine, pour lesquels on dispose de données. Ils sont le plus souvent prescrits à des posologies plus proches de celles utilisées dans les dépressions.

« Probiotique » signifie littéralement « favorable à la vie ». Les probiotiques sont ainsi des micro-organismes vivants, qui ont des effets bénéfiques sur la santé quand ils sont consommés en quantité suffisante. Il s’agit de bactéries, comme les lactobacilles, les bifidobactéries, ou de levures.

Le microbiote de chaque personne est composé de milliards de bactéries, propres à chacun. Les traitements sous forme de probiotiques proposent de compenser un manque de bactéries pour les souffrants du SII.
Les probiotiques actuellement disponibles sont composés d’un ensemble de bactéries génériques, sans prendre en compte le microbiote propre à chaque personne. 

Ces traitements sont d’efficacité variable selon les personnes. Les probiotiques doivent être pris à la dose recommandée par le fabricant.

« Prébiotique » veut dire littéralement « avant la vie ». Il ne s’agit pas de micro-organismes, mais de sucres (oligosaccharides ou poly- saccharides) qui aident à la croissance de certaines bactéries du microbiote.

Les symbiotiques sont la combinaison de probiotiques et de prébiotiques.

Les prébiotiques, comme l’inuline ou les fructo-oligosaccharides, sont des sucres qui échappent à la digestion dans l’intestin grêle et arrivent donc dans le côlon, où ils sont utilisés par les bactéries coliques. Les prébiotiques peuvent modifier le microbiote en stimulant la croissance des souches bactériennes qui les consomment. 

L’efficacité de ces deux traitements n’est pas clairement établie à ce jour pour le SII.

L’huile de menthe poivrée, très utilisée aux États-Unis, semble aussi être efficace. Elle est aujourd’hui disponible en France comme médicament qu’on peut acheter sans ordonnance, sous forme de capsule à délivrance progressive dans l’intestin grêle et le colon. 

Attention !
Il faut faire attention à la prise simultanée de traitements qui agissent pour diminuer l’acidité gastrique ; ceux-ci peuvent entraîner une libération prématurée de la menthe poivrée dans le tube digestif haut qui peut être à l’origine de brulures. Il faut aussi éviter ce traitement en cas d’hypersensibilité au menthol.

Aucun traitement efficace n’existait jusqu’à présent pour corriger l’augmentation excessive de la perméabilité intestinale. Une étude américaine récente a démontré que la L-glutamine pure comparée à un placebo s’est montrée très efficace chez des patients avec SII-D post-infectieux et avec une perméabilité anormale. 

Dans cette étude, plus de 80 % des patients traités par la glutamine (vs 6% avec le placebo) connaissaient une diminution de la sévérité de leur maladie, ainsi qu’une amélioration du nombre et de la consistance de selle, en lien avec une amélioration de la perméabilité intestinale. 

Ce traitement consiste à administrer des stimulations magnétiques entraînant des variations rapides de flux magnétique. 

Des études scientifiques ont aussi démontré que la stimulation du nerf vague pourrait réguler l’inflammation au niveau du tube digestif. Les premiers résultats de cette technique pour le SII semblent encourageants, notamment chez les patients qui présentent une hypersensibilité viscérale. 

Ce traitement est également appelé Transplantation de Matière Fécale ou greffe fécale.

Cette opération consiste à administrer une préparation de matière fécale issue d’un sujet sain à un patient, en vue d’exercer des effets thérapeutiques.

L’intérêt théorique pour le SII existe du fait du rôle connu du microbiote dans cette maladie. Les résultats des premières études ne sont pas encore probants.
Actuellement, la TMF est autorisée en France uniquement pour le traitement de la bactérie Clostridioides difficile, anciennement appelée Clostridium difficile.

Les donneurs de selles dites saines sont soumis à une sélection stricte afin de limiter les risques infectieux : 
absence de pathologies chroniques, de traitement médicamenteux au long terme, de traitement antibiotique récent, et dépistage négatif aux agents infectieux, etc.

Les selles du donneur sont ensuite préparées avec du sérum physiologique et filtrées avant d’être conditionnées pour leur administration au patient.
La solution reconstituée est enfin administrée par voie basse (par lavement ou lors d’une coloscopie, qui délivre la transplantation de selles au niveau de l’iléon ou du côlon droit) ou par une sonde naso-gastrique (qui passe par le nez et va dans l’estomac). 

Attention !
Des complications sont possibles après une TMF et une surveillance du receveur et du donneur doit être organisée pendant plusieurs années.

Vous pouvez consulter votre médecin généraliste et/ou un gastroentérologue. L’association peut vous orienter vers des structures hospitalières et de recherche :

Cette organisation est particulièrement impliquée dans la prise en charge du SII.

menant des recherches sur le SII et/ou ayant un partenariat avec l’APSSII :

– CHU Nice, Hôpital L’Archet (06)
– AP-HM, Marseille (13) 
– CHU Toulouse (31)
– CHU Bordeaux (33) 
– CHU Rennes (35)
– CHU Nantes (44)
– CHRU Nancy (54)

– CHU Clermont-Ferrand (63)
– CH Paul Ardier, Issoire (63)
– CH Thiers (63)
– Hospices Civils de Lyon (69)
– CHU Rouen (76) 
– AP-HP Ambroise Paré, Boulogne-Billancourt (92)
– AP-HP Avicenne, Bobigny (93)

Ces Hôpitaux de Jour (HdJ) permettent aux souffrants de bénéficier de consultations avec plusieurs professionnels de santé lors d’une même journée, et dans un même lieu.

Notre pathologie étant multifactorielle, ces initiatives permettent une prise en charge pluridisciplinaire du SII et sont notamment destinées aux patients souffrant de SII sévère.

Les malades peuvent ainsi y consulter un(e) gastroentérologue, un(e) diététicien(ne), un(e) psychologue dans le but d’établir une évaluation et d’obtenir des propositions thérapeutiques à la fin de la journée.

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Ces structures se développent en France : Bobigny, Lyon, Nancy et Rouen.

Par exemple, l’Hôpital de Jour à Lyon propose :

  • des examens de diagnostic : consultation, biologie et tests notamment respiratoires (pullulation microbienne, intolérance aux sucres)
  • une orientation : un point sur les traitements, une orientation diététique et des séances de résolution émotionnelle (séances possibles à l’hôpital)
  • des ateliers thérapeutiques (en cours de formalisation)

Infos & conseils

Il est important de vous sentir à l’aise avec le professionnel de santé que vous consultez. En effet, la relation patient-médecin est fondamentale.

Sources :

AP-HP : Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, AP-HM : Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille, CH : Centre Hospitalier, CHU : Centre Hospitalier Universitaire, CHRU : Centre Hospitalier Régional Universitaire