Le Comité Scientifique de l’APSSII conseille des examens de base et complémentaires à réaliser selon vos antécédents et vos symptômes.
Ainsi, tous les examens présentés ne sont pas à réaliser en cas de suspicion d’un SII. Seul votre médecin pourra vous prescrire le(s) examen(s) approprié(s).
Avis & Recos du Comité Scientifique de l’APSSII
Le bilan de base devrait être limité à :
– un bilan sanguin
– une coloscopie
– une fibroscopie
Les examens complémentaires, biologiques et morphologiques, doivent être réalisés avec discernement, car leur rentabilité diagnostique est faible chez des patients répondant aux critères de Rome. Il ne faut pas réitérer les examens inutilement.
La réalisation d’examens complémentaires peut toutefois être nécessaire selon vos antécédents familiaux et/ou si des symptômes peuvent évoquer une autre maladie.
Les examens de base
La prise de sang
Un bilan sanguin peut être utile pour éliminer d’autres maladies. Voici les principales analyses que vous pourriez effectuer :
- Une numération de la formule sanguine avec plaquettes
Cette analyse permet de rechercher :
– une anémie : un manque de globules rouges, qui se signale par un taux d’hémoglobine trop bas dans les analyses
– un syndrome inflammatoire : une inflammation reflétée par une augmentation du nombre des globules blancs ou des plaquettes.
- La VS (Vitesse de Sédimentation) et la CRP (Protéine C-réactive)
La vitesse de sédimentation des globules rouges et les valeurs de la CRP peuvent être élevées en cas d’inflammation ou d’infection.
Ces tests sont les plus couramment utilisés pour exclure une MICI (Maladie Inflammatoire Chronique de l’Intestin) notamment chez les patients atteints de SII-Diarrhée.
- Un bilan thyroïdien
Ce bilan permet de mesurer la thyréostimuline (ou TSH), hormone produite par l’hypophyse. Son taux peut être élevé si vous souffrez d’hypothyroïdie et, au contraire, bas en cas d’hyperthyroïdie. Ces 2 déséquilibres peuvent entraîner des troubles du transit.
- Les anticorps anti-transglutaminases
Ce test permet d’exclure une maladie cœliaque, notamment chez les patients souffrant de SII-Diarrhée.
La transglutaminase est une enzyme impliquée dans différents mécanismes physiologiques, comme la coagulation du sang ou la synthèse de peau.
Chez certaines personnes, l’organisme produit des anticorps contre cette enzyme, notamment en cas de consommation de gluten. Si de tels anticorps sont découverts dans votre bilan sanguin, vous avez peut-être une maladie cœliaque (intolérance au gluten).
Les anticorps en question sont de 2 types : IgA et IgG. Seul le dosage des IgA est actuellement remboursé par la Sécurité Sociale. Cependant, le dosage des IgG peut également être utile en cas de forte suspicion de maladie cœliaque.
La coloscopie
En quoi consiste cet examen ?
Il s’agit de l’exploration du côlon en passant par l’anus, grâce à un tube souple équipé d’une caméra qui retransmet les images en direct sur un écran.
Comment se déroule l’examen ?
Cette vue de l’intérieur du côlon se réalise sous anesthésie générale ambulatoire et légère, qui n’excède habituellement pas plus d’une heure. Comme pour toute anesthésie, une consultation avec le médecin anesthésiste est nécessaire avant l’examen.
A quoi sert cet examen ?
La coloscopie sert à dépister le cancer du côlon et du rectum, et à éliminer du diagnostic les maladies organiques du côlon.
Ainsi, si vous souffrez du SII, aucune anomalie ne sera révélée par la coloscopie. Si vous souffrez d’une forme avec diarrhée prédominante, il est important d’effectuer des biopsies en différents endroits du côlon.
Dans quels cas réaliser cet examen ?
Cet examen est préconisé chez les patients ayant :
- des antécédents familiaux ou personnels de polypes du côlon
- des symptômes digestifs évoluant depuis plusieurs semaines ou mois (troubles du transit, douleurs abdominales, saignements rectaux, etc. )
- un test positif de recherche de sang dans les selles
Quelle est la préparation nécessaire à toute coloscopie ?
Etape 1 : Suivre un régime alimentaire sans résidu
Votre gastroentérologue vous conseillera de suivre scrupuleusement ce régime quelques jours avant l’examen. En effet, il permet de diminuer le transit intestinal, et ainsi, de garantir la fiabilité et la qualité de l’examen.
Votre médecin vous fournira une liste des aliments à proscrire et à privilégier. Ainsi, il s’agit le plus souvent, de ne pas manger / boire notamment des :
- fruits et légumes verts ou riches en fibres (cuits et crus), et particulièrement ceux qui contiennent des pépins comme les tomates, les kiwis, les raisins, le concombre, les fruits rouges, etc.
- aliments contenant des graines comme le muesli, le pain complet ou des confitures contenant des graines (framboises, mûres, figues, etc.)
- fromages fermentés
- nourriture grasse
- boissons alcoolisées
Cela signifie que vous pourrez manger du riz, des pâtes, des pommes de terre, du pain blanc, des œufs, de la viande blanche et du poisson.
Etape 2 : Boire une solution laxative pour nettoyer votre intestin
Il est essentiel que votre intestin soit parfaitement “propre” pour une meilleure visibilité et un meilleur diagnostic.
Pour cela, il est indispensable de vider le colon de ses selles à l’aide de produits fortement laxatifs ; ainsi, rapidement après avoir bu la préparation, vous vous rendrez souvent aux toilettes.
En pratique, vous devrez diluer des sachets de poudre dans de l’eau. Cette préparation n’est pas facile à boire à cause de son goût.
Quels sont les Trucs & Astuces des Souffrants pour se préparer à la coloscopie ?
Des conseils pratiques pour la préparation de la coloscopie
Voici les Trucs & Astuces des Souffrants pour vous aider à gérer la phase de la prise de la boisson laxative :
- Ajouter du citron (frais et non en bouteille pour une meilleure efficacité !) dans la solution préparée ou diluer les sachets dans de l’eau aromatisée (fraise, grenadine, menthe ou pêche) selon la solution prescrite
- La préparation est plus agréable à boire si elle est bien froide
- Vous pouvez masquer le goût en suçant des bonbons avec de fortes saveurs
- Si vous avez des nausées, fractionner l’intervalle entre les prises de la préparation
- Être seul ou uniquement accompagné d’une personne de confiance. En effet, vos allers-retours aux toilettes seront très fréquents
- Munissez-vous d’une crème contre les érythèmes fessiers
- Prévoyez de la lecture à parcourir pendant votre temps passé aux toilettes
- Commencer au plus tôt. En effet, l’évacuation des selles de votre colon peut prendre du temps (entre 4 et 6h). Par contre, à savoir qu’une fois la préparation bue, vous ne pourrez plus manger. Pour des questions d’organisation, vous pouvez commencer votre préparation plus tard mais le début de votre nuit risque d’être perturbé.
- Si vous avez d’autres conseils, n’hésitez pas à les partager avec les souffrants !
La fibroscopie
En quoi consiste cet examen ?
Le gastro-entérologue explore le tube digestif haut, en passant par la bouche.
A quoi sert cet examen ?
La fibroscopie permet l’exploration de l’œsophage, de l’estomac et des premier et deuxième duodénum pour rechercher d’éventuelles maladies qui pourraient expliquer notamment les douleurs abdominales, et d’autres symptômes comme des nausées ou des remontées acides.
Si vous souffrez de diarrhée, cet examen est utile car il permet la réalisation de biopsies au niveau du duodénum pour rechercher une maladie cœliaque (intolérance au gluten).
Des biopsies peuvent également être effectuées dans l’estomac en cas de troubles digestifs plutôt gastriques, comme dans la dyspepsie, à la recherche de la bactérie Helicobacter pylori, qui peut favoriser ce type de symptômes.
Comme c’est le cas pour la coloscopie, si vous souffrez de SII, la fibroscopie ne mettra en évidence aucune lésion.
Comment se déroule l’examen ?
Il s’agit d’un examen rapide, qui dure en général entre 5 et 10 minutes.
La fibroscopie peut être réalisée sans anesthésie générale ; toutefois, pour plus de confort, une anesthésie est généralement pratiquée. Pour des raisons pratiques, la fibroscopie est souvent effectuée lors de la même anesthésie que la coloscopie.
Elle ne nécessite aucune préparation particulière : vous devez seulement être à jeun, sans avoir fumé ni bu depuis au moins 6 heures.
Les examens complémentaires
L’échographie et le scanner abdominal(e)
Ces 2 examens n’ont pas d’utilité propre pour le diagnostic du SII.
Ils sont parfois réalisés pour éliminer d’autres maladies si vous présentez des symptômes résistants, tels que des douleurs abdominales intenses et/ou un amaigrissement inquiétant.
Le dosage de la calprotectine fécale
En quoi consiste cet examen ?
La calprotectine est une protéine produite par certains globules blancs, qui intervient dans la régulation des réponses immunitaire au niveau des muqueuses. Son dosage est réalisé dans un prélèvement de selles.
Cette analyse est désormais remboursée par la Sécurité Sociale.
A quoi sert cet examen ?
Il permet de mettre en évidence une éventuelle inflammation au niveau du tube digestif.
La vidéo-capsule
En quoi consiste cet examen ?
Vous avalez une gélule contenant une mini-caméra capable de prendre 3 photos par seconde pendant son parcours dans votre tube digestif.
Les photos prises par la capsule seront captées par une ceinture placée autour de votre abdomen, pour évaluer son parcours dans le tube digestif. Sa progression est contrôlée grâce à un moniteur vidéo extérieur. L’examen est complet quand la capsule arrive dans le côlon, et vous l’expulserez aux toilettes.
Le film résultant de ces photos est ensuite visionné par un gastro-entérologue. Cet examen prend plusieurs heures pour sa réalisation, et une trentaine de minutes au moins pour son interprétation.
A quoi sert cet examen ?
La vidéo-capsule vous est proposée si votre médecin soupçonne fortement une maladie inflammatoire du tube digestif.
Le test respiratoire
En quoi consiste cet examen ?
Il s’agit d’un test explorant l’absorption des glucides, qui a lieu normalement au niveau de l’intestin grêle. Il consiste à mesurer la quantité d’hydrogène contenue dans l’air que vous expirez. Cet hydrogène est produit, de façon normale, par le processus de fermentation réalisé par les bactéries du côlon.
Les gaz exhalés sont ensuite analysés dans un chromatographe.
A quoi sert cet examen ?
Une élévation d’emblée de la quantité d’hydrogène expiré ou avant 2 heures et sur deux mesures successives traduit la présence d’une pullulation de bactéries au niveau de l’intestin grêle.
Le temps de transit colique
En quoi consiste cet examen ?
Vous avalez des gélules contenant des marqueurs radio-opaques, visibles sur une radiographie de l’abdomen. Dans la version la plus courante de cet examen, vous prenez une gélule par jour pendant 6 jours, chacune contenant 10 marqueurs opaques.
Le 7e jour, vous passez une radiographie de l’abdomen, au cours de laquelle le nombre de marqueurs encore visibles sera compté.
A quoi sert cet examen ?
Cet examen permet de voir comment se déplacent les selles dans votre côlon.
Un trop grand nombre de ces marqueurs encore présents peut signifier un ralentissement de votre transit colique. La localisation de ces marqueurs donne aussi des informations : on divise en effet la radiographie en 3 zones, qui correspondent grossièrement au côlon droit, au côlon gauche et à la zone du rectum.
Une trop grande accumulation de marqueurs dans cette dernière peut être le signe d’une constipation distale.
Dans quels cas réaliser cet examen ?
Cet examen sera en général seulement réalisé si vous souffrez de constipation extrême (moins d’une selle par semaine).
La manométrie ano-rectale
Dans quels cas réaliser cet examen ?
Cet examen est proposé dans 2 cas :
- si vous souffrez de constipation résistante à un traitement classique, probablement distale
- si vous souffrez de diarrhée avec incontinence (perte de gaz ou de selles), pour étudier les mécanismes de la continence
A quoi sert cet examen et comment se déroule t-il ?
La manométrie ano-rectale est réalisée dans des laboratoires d’exploration fonctionnelle, dans des services de gastro-entérologie ou dans certains cabinets de gastro-entérologues.
Cet examen est peu agréable, mais il dure une vingtaine de minutes. Vous êtes couché sur le côté gauche.
Le médecin introduit par l’anus une petite sonde qui contient des capteurs de pression, et enregistre, via cette sonde, le tonus du sphincter anal au repos et lors des contractions.
Il étudie aussi la réaction réflexe du rectum lorsque l’arrivée d’une selle est simulée avec un ballon gonflé.
La poussée abdominale est évaluée, ainsi que la présence d’un éventuel anisme. Pour ce faire, le médecin demande de pousser comme pour évacuer des selles, et observe si l’anus se contracte de façon inappropriée à ce moment-là, au lieu de se relâcher.
Cet examen permet aussi d’évaluer la « sensibilité viscérale » par la mesure des seuils de sensations «physiologiques » que sont le volume de première sensation (quand on détecte que le ballon se gonfle), et le volume maximum tolérable.
Pour terminer l’examen, votre médecin peut vous demander d’expulser un ballon gonflé ou la sonde de façon à déterminer s’il existe une gêne à la défécation.
La défécographie
En quoi consiste cet examen ?
Il consiste à mesurer les rapports des différents organes du petit bassin (anus, rectum, vessie, intestin grêle, vagin chez la femme) au repos et lors d’une défécation simulée.
Il n’est réalisé que dans certains services de radiologie.
A quoi sert cet examen et comment se déroule t-il ?
Pour simuler la présence de selles, on utilise un mélange de baryte (un produit opaque qui apparaît blanc sur les radiographies) et de la fécule de pomme de terre.
Vous êtes assis sur une bouée pour simuler la position assise sur les toilettes. Cet examen est assez gênant du fait du manque d’intimité, mais il est fondamental pour l’étude de ce qu’on appelle les « troubles de la statique du plancher pelvien ».
Il permet au médecin de comprendre ce qui se passe au niveau du rectum, pour détecter, par exemple, une éventuelle « descente d’organes » à ce niveau (prolapsus rectal). Une variante plus moderne de cet examen est sa réalisation au cours d’une IRM (Imagerie par Résonance Magnétique nucléaire).
Les examens déconseillés
Les tests du microbiote
L’analyse de votre microbiote fécal, qui peut coûter jusqu’à 350 euros, n’est pour l’instant d’aucune aide dans le choix d’un traitement probiotique ou de tout autre traitement.
Retrouvez plus d’informations dans cet article « Tests du microbiote : Science ou Pseudo-science ? », publié par l’AFIS (Association Française pour l’Information Scientifique).
« Le microbiote nourrit l’imaginaire, mais également des fantasmes dont des « marchands du Temple » sans scrupules se sont emparés pour développer un business autour de « tests de microbiote » qui ont la couleur de la science sans en avoir la rigueur. »
Les tests d’allergies alimentaires
La recherche d’allergies alimentaires, grâce à des dosages d’anticorps (immunoglobulines de type G) dirigés contre différents allergènes, ne permet pas d’obtenir des résultats fiables, alors qu’elles coutent souvent plus d’une centaine d’euros.
De plus, les allergies alimentaires sont rares car elles ne concernent que 1 à 3 % des adultes.
Sources :
- Sabaté JM, Rivière S, Jouet P, Gastaldi-Menager C, Fagot-Campagna A, Tuppin P. Consommation de soins au cours du syndrome de l’intestin irritable en France : étude de cohorte sur 7 ans réalisée chez 30 000 patients avec le système national des données de santé. Société Nationale Française de Gastro-Entérologie (SNFGE).
- NICE (National Institute for Health and Care Excellence), organisme du Ministère de la Santé du Royaume-Uni. Irritable bowel syndrome in adults: diagnosis and management. 2017. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32073807/
- Sabaté JM. Intestin irritable : Equilibrez votre microbiote et faites la paix avec votre côlon.
- Jouet P, Faroux R, Joubert H. Syndrome de l’intestin irritable. Société Nationale Française de Gastro-Entérologie (SNFGE). https://www.snfge.org/content/syndrome-de-lintestin-irritable-sii